La position selon laquelle la Cour pénale internationale (CPI) est un instrument de néo-colonisation a opposé les débateurs de la Société d’art oratoire de Senghor (Saos) le 9 novembre 2017.
Comme il est désormais de tradition chaque fin de semaine à l’université Senghor de la Francophonie à Alexandrie, les débatteurs ont encore croisé le verbe dans la cinémathèque universitaire autour d’un sujet ou plutôt d’une motion d’actualité. Pour le premier débat du mois de novembre, les auditeurs senghoriens se sont penchés sur la motion : « cette chambre pense que la CPI est une institution néocoloniale ». Une fois de plus, les arguments ont fusé entre un camp favorable dit gouvernement, mené pour l’occasion par le « premier ministre », Haidara et un camp dit d’opposition, mené par Djimmy Edah. Le « premier ministre » a amorcé les débats en posant que le « néocolonial » qui est placé en attribut pour qualifier la CPI aujourd’hui doit s’associer à l’idée d’une volonté pour les anciennes puissances coloniales de maintenir sous tous les angles, leur emprise sur leurs colonies d’hier que celles-ci soient africaines ou non. Le cadre ainsi fixé a servi de préalable à quelques arguments qui veulent que, la CPI depuis sa création par le traité de Rome n’a connu que des affaires africaines. Le camp du « gouvernement » soutient en effet que, sur 9 enquêtes menées par la CPI 8 sont portées contre des chefs d’Etats ou des leaders africains. Autre argument développé par les partisans du « pour », la CPI est à la fois boycottée par les USA, la Chine, la Russie et l’Inde alors même que ces puissances sont capables d’actionner cette institution lorsque leurs intérêts sont en cause. Pour toutes ces raisons et pour d’autres, « il est impératif que les Africains se retirent de la CPI et suivent l’exemple des pays tels que l’Afrique du Sud ou le Kénya » a tempêté, Christian Guéhi, « ministre » du gouvernement.En face, l’opposition ne s’est pas montrée molle en arguments. Qu’il s’agisse de Mirène Malé ou de Béatrice Kibissack, le fait de coller à la CPI un sceau « néocolonial » est une aberration. Pourquoi les Etats africains ont-ils ratifié le traité de Rome ? Pourquoi y restent-ils ? Les génocides, les crimes de guerre et autres crimes contre l’humanité ne sont-ils pas plus récurrents en Afrique que sur tout autre continent ? Nos juridictions nationales sont-elles réellement en même de juger leurs auteurs tout en restant au dessus de pesanteurs politiques, ethniques et de gouvernance ? Ce sont là autant de questions purement rhétoriques employées par l’opposition pour déconstruire la « néocolonialité » attribuée à la CPI.Il faut dire que ces débats hebdomadaires arbitrés volontairement par des auditeurs comme Hervé Konkobo, restent un marqueur important du travail de fond mené par la promotion 2017-2019 pour le rayonnement de l’art oratoire.