CONTEXTE
Du 5 au 7 octobre, l’organisation américaine Ashoka Changemakers en partenariat avec American Express va réunir 20 entrepreneurs sociaux provenant de 7 pays d’Afrique : Burkina Faso, Bénin, Cameroun, Cote d’Ivoire, Gabon, Mali et Sénégal. Il s’agit de la fin d’une série de 5 ateliers répartis à travers le globe mais poursuivant le même but : faire en sorte que ces cohortes de jeunes dirigeants soit équipée des compétences et réseaux nécessaires pour relever les défis économiques, sociaux et environnementaux les plus critiques qui accablent le monde entier aujourd’hui. Cette campagne de renforcement de capacité pour les jeunes dirigeants à travers des bootcamp de formation se déroulera au sein des murs de l’Hôtel Djoloff sis au Quartier Fann Hock de Dakar.
Cette deuxième cohorte verra la participation des entrepreneurs sociaux et des leaders d’opinion qui, bien que possédant des profils et objectifs variés seront amenés à canaliser leurs énergies et savoirs divers pour produire une symbiose. L’Hotel Djoloff sera le cadre au sein duquel ces journées d’ateliers vont se dérouler. Et NGNAOUSSI ELONGUE Cédric Christian, Directeur des programmes, y a été le représentant de notre organisation.
DEROULEMENT DES ATELIERS.
Jour 1 : Arrivée des participants et diner de bienvenue.
La première journée fut celle de l’accueil et de la réception des participants au niveau de l’Hotel. Suivi en soirée par un diner d’introduction avec l’équipe de coordination au Restaurant le Terrou-Bi. L’objectif ici était de faciliter la prise de contact et les échanges entre les différents participants et l’équipe de coordination. C’est donc dans une atmosphère amicale et cordiale que des conversations jailliront d’un bout à l’autre de la table réservée à cet effet. Un exercice proposé par M. Sobel NGOM, coordonnateur du Bootcamp, achèvera de briser la glace en permettant à chacun à tour de rôle de répéter le nom de l’ensemble des personnes assises l’ayant précédé. Ce dégel communicationnel se poursuivra le lendemain matin à l’hôtel « Le Djoloff » avec des activités et jeux matinaux.
Jour 2 : Des séries d’ateliers sur des thématiques importantes…
Le bootcamp fut introduit par Coumba Touré, Représentante régionale Ashoka Sahel qui se dira très satisfaite de voir ainsi rassemblé des innovateurs sociaux ayant pour ambition de changer le monde. Elle poursuivra avec une discussion autour de la mesure de l’impact social et insistera sur la nécessité non pas de se contenter d’améliorer le vécu mais de transformer profondément les secteurs dans lesquels nous sommes investis. Tel est le cas pour notre projet Africa Gawlo qui entend révolutionner le paysage médiaculturel au Cameroun et en Afrique.
Elle sera suivie dans l’après-midi par Marema Bao, Directrice Générale Adjointe du Groupe COFINA qui animera l’atelier : « Comment porter son activité à une échelle plus grande ? ». Cette dernière partira de son expérience personnelle pour nous recommander de toujours penser à développer une vision à long terme pour son entreprise afin de ne point être surpris par les phases de développement. De par son expertise professionnelle, elle nous recommandera de toujours rêver grand et loin car cela prenait le même effort, la même énergie. Celui qui voyage en classe Business et Eco n’arrivent-ils pas au même moment ? Alors pourquoi se priver le luxe d’oser, de rêver et partant de travailler pour y parvenir. Cet aspect en rapport avec Africa Gawlo est très pertinent et c’est pourquoi il est prévu d’exporter notre projet à bien d’autres pays d’Afrique Subsaharienne notamment le Tchad, le Gabon, le Sénégal, le Congo, le Togo, la Cote d’ivoire… En effet, nous avons expliqué que le Cameroun était surtout une étape d’expérimentation dont les retours sur expériences donneront une meilleure approche du marché étranger.
Un des points saillants des discussions avec cette professionnelle du secteur de la finance, sera la réponse qu’elle donnera à Aiche Ken Sy, représentante de l’organisation Wakh’art qui œuvre pour la médiatisation des biens et services culturels au Sénégal. C’est avec une franchise et une sincérité, peut être blessante, que Mariema Bao martèlera que « Les banques ne financent que très difficilement sinon jamais les entreprises culturelles ». Cette fonction revient à d’autres institutions spécialisées mais cela constituait un énorme risque pour le secteur bancaire à cause du caractère aléatoire de la demande des biens culturels. Cela est d’autant plus vrai puisque notre projet, jusqu’à ce jour n’a point reçu de financement ou subventions du ministère de la Culture ou celui en charge de la jeunesse, cible principale d’Africa Gawlo. Ce constat quoique déplorable n’est que la face émergée d’un immense iceberg : une insuffisante éducation artistique et culturelle qui rend les citoyens inaptes à apprécier ou du moins à reconnaître la valeur des produits culturels. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous travaillons en prenant les jeunes de 12-25 comme cible principale de notre émission télévisée.
Quoique désenchantés suite à cette douche froide, les participants seront remontés et dynamisés par Gnylane Thiam Traoré, Coach en Développement de potentiel qui interviendra durant la seconde moitié de la journée, après la pause déjeuner. Elle amènera les participants à comprendre les soubassements de leurs motivations ainsi que les leviers de leur engagement au sein de leurs entreprises respectives. En effet, une bonne dose de motivation est nécessaire pour éviter de se désengager face à des situations insurmontables ou imprévisibles. Ce sont les sacrifices consentis qui permettent d’apprécier le degré de motivation et d’engagement d’un entrepreneur. Contrairement aux précédentes, cette séance aura un volet pratique à travers le coaching avec la méthode « Appreciative inquiry ». Ce principe énonce simplement que notre façon de connaître, de comprendre a des conséquences. Ce qui veut dire que comprendre et donner du sens à notre expérience affecte nos décisions et nos actes. Répartis en binômes, les participants se soumettrons réciproquement un questionnaire appréciatif sur leur motivation, réalisations et expérience. Cet exercice a permis aux participants de comprendre que, quelle que soit l’histoire, les humains et les relations sont dynamiques. C’est par les dialogues des conversations, par l’échange de nos mots et de nos points de vue que nous créons le présent et l’avenir.
M. Thierry Delvigne-Jean, clôturera cette série d’atelier avec une discussion sur : Comment définir sa théorie du changement ? Après des prolégomènes d’universitaire, ce chef de la communication à l’Unicef exposera les outils essentiels pour définir clairement les objectifs et la vision de nos entreprises. En effet, il est nécessaire de bien délimiter les problèmes sur lesquels l’entreprise doit intervenir afin d’éviter une perte en énergies et gagner en efficience. Les outils donnés permettront aussi de rédiger de manière précise et concise l’histoire de nos entreprises. Après cet atelier, les participants se réuniront en petits groupes afin de discuter et échanger sur les thématiques qui demeuraient encore nébuleuses ou du moins insuffisamment comprises.
Cette deuxième journée s’achèvera par une promenade à Soumbédioune et plus précisément au Marché au Poisson où les participants auront le plaisir d’observer des pécheurs sénégalais revenant de la pêche ainsi que l’ambiance vivante et festive qui régnait sur les différents comptoirs de poissons où trônaient des femmes ayant un verbe commercial très accrocheur. Ils purent par ailleurs joindre l’utile à l’agréable en se soumettant à un exercice de collecte de données sur les habitudes et besoins de ces pêcheurs et commerçants de produits halieutiques. En effet, le collègue entrepreneur sénégalais Malick Birane, Directeur exécutif et fondateur de « Aiwajieune.com », plateforme de mise en relation et de vente de produits halieutiques, avait besoin de ces informations pour améliorer les fonctionnalités et la qualité du service de son site d’e-commerce très original et classé parmi les 50 entreprises africaines les plus prometteuses. C’est donc sous un coucher de soleil magnifique sur les berges du fleuve Sénégal que s’achèvera cette deuxième journée intense de travail et d’émotions.
Jour 3 : Des séparations difficiles…
Après une séance de méditation et de réflexion sur le toit de l’Hôtel « Le Djoloff », les participants rencontrèrent Patrice SAYEHG, un homme d’affaires au grand cœur dont la compassion et l’engagement l’ont démarqué au sein de nombreuses associations caritatives. Il animera l’atelier : Comment construire des relations authentiques et durables ? Il a partagé cette riche et longue expérience en insistant sur les stratégies pour mobiliser et conserver des ressources humaines, techniques et financières. En effet, il n’y a rien de plus compliqué que la Gestion des ressources humaines et ce surtout dans le cadre d’association ayant pour modèle économique de base le bénévolat. Les capacités d’écoute, d’ouverture et de leadership sont alors nécessaires pour guider et surtout maintenir le dynamisme et l’engagement de l’équipe. C’est sur la même bande passante que s’ouvrira le second atelier : Comment construire un mouvement ? Ici, M. Elimane KANE, chargé du portfolio Governance and Livelihoods en Afrique de l’Ouest, il appuie la société civile et le secteur privé à développer des initiatives en vue de promouvoir la gouvernance, créer et protéger les moyens d’existence à travers la mobilisation des jeunes et femmes de la région.
Le bootcamp s’achèvera par des activités de peer-mentoring, de témoignages et l’inévitable séance de photos de clôture. Le peer-mentoring a permis aux participants de découvrir et d’apprendre des projets des autres entrepreneurs sociaux. Les témoignages furent d’intenses moments d’émotions qui redonnèrent un punch psychologique aux différents entrepreneurs. La séance de photo fut interminable, les participants ne parvenant point à se dire aurevoir. C’est sur ces sourires que nous quitterons l’Hotel « Le Djoloff ». Maintenant, revenons sur l’impact ou l’apport de ces ateliers sur le projet Africa Gawlo ou au-delà pour le RIPAO.
APPORT DU BOOTCAMP
D’abord, nous débuterons par l’impact sur le projet Africa Gawlo car c’est celui qui avait été soumis à candidature. Les retours, positifs, sont visibles à deux niveaux : sur le court et le moyen terme. Sur le court terme, les conseils, leçons et recommandations reçues pourront nous permettre d’impulser une nouvelle dynamique au projet. Il s’agit notamment de l’aspect relatif au financement d’Africa Gawlo. Il nous a été proposé de rencontrer les différentes ambassades pour leur communiquer le projet car elles disposeraient d’un fond de soutien d’initiatives comme la nôtre.
L’atelier sur la théorie du changement de M. Thierry Delvigne-Jean nous permettra de mieux définir la vision et les objectifs de notre projet. La description que nous fournirons aux futurs appels à candidatures seront alors plus complets.
L’organisation Ashoka contribuera aussi à la promotion d’Africa Gawlo sur leurs plateformes de la diffusion. C’est un gain en visibilité mais aussi en crédibilité dans la mesure où la sélection de notre projet constitue une preuve tangible de l’intérêt du projet et de son impact sur la société. C’est un atout pour la participation aux prochains appels à candidature internationaux car Ashoka est l’une des plus grosses organisations internationales qui œuvre dans l’entrepreneuriat social et la sélection d’Africa Gawlo pourrait, au-delà être considérée comme un gain en légitimité pour le projet et le RIPAO.
Sur le moyen terme, il nous sera désormais plus aisé de proposer ce projet pour le Ashoka Fellowship, programme d’accompagnement (financier, juridique, technologique et communication) complet qui s’étale sur trois années et débouche à la concrétisation du projet. Nous nous préparerons davantage pour cela.
S’agissant des retombées pour le RIPAO, des projets de partenariat ont été engagés avec l’organisation Wakh’Art par l’entremise de Aiche Ken Sy qui en est la fondatrice. Ladite association œuvre dans la promotion de l’art comme facteur de développement à travers l’organisation d’ateliers de création artistique destinés à la jeunesse sénégalaise.
Le réseau professionnel s’est également développé notamment avec la Directrice Ashoka Sahel, Mme Coumba TOURE qui a beaucoup été intéressée par notre initiative et serait disposée à être l’une de nos mentors ou nous parrainer si nous voulions postuler pour le programme Ashoka Fellowship.
CONCLUSION
Au finish, la participation à ce bootcamp aura un impact très important au niveau du renforcement des capacités des ressources humaines de notre réseau mais aussi en terme de visibilité et de crédibilité. Visibilité dans la mesure où nous avons pu partager le projet avec des entrepreneurs provenant de plusieurs pays d’Afrique. Il est désormais temps pour nous de préparer le dossier de candidature pour le lancement du Ashoka Fellowships.